Ne riez pas, on appelle cela la raffinerie végétale et l’exemple de la CIMV (Compagnie Industrielle de la Matière Végétale - www.cimv.fr) amène plus à penser à une véritable révolution qu’à une rigolade…
Plus que la paille, cela concerne toutes les matières végétales contenant de la lignine et de la cellulose (on les appelle lignocelluloses) comme la bagasse, le chanvre, le kenaff, le lin, le sorgho, le miscanthus, le bois, etc…
J’ai vécu cette rencontre avec la CIMV comme un moment magique, une véritable solution technologique pour rentrer dans le monde de l’après pétrole avec à sa tête des personnes visionnaires, pragmatiques et quelque peu révolutionnaires.
Afin de ne pas vous assommer, je vous présenterai cela en deux post. Le premier vous expliquera comment ça fonctionne et le deuxième vous en détaillera les avantages.
Crédit photo : CIMV
Et si la paille remplaçait le pétrole ? Comment ça marche ? – 1/2
Prenons l’exemple de la première usine qui va être implantée en Marne cette année. L’usine sera approvisionnée annuellement par entre 160 et 180 000 tonnes de pailles provenant des cultures de blé situées à entre 50 et 80 Km maximum de l’usine. Une organisation a été mise en place pour récolter cette paille, la stocker et la livrer à l’usine. Cette paille était auparavant épandue sur les terres ou valorisée par incinération.
Elle est ensuite broyée avant d’être vaporisée d’eau et d’acide organique à une température comprise entre 100 et 110°C sous pression atmosphérique. Cela permet de récolter la cellulose d’un côté et la lignine mélangée aux sucres de l’autre.
Puis, il est ajouté de l’eau au mélange sucres-lignines ce qui permet de séparer les deux éléments puisque le sucre est soluble dans l’eau contrairement à la lignine.
A cette étape, nous avons donc 3 produits distincts : la cellulose, la lignine et une mélasse composée de sucres et d’eau.
Avec la cellulose, la CIMV fabrique de la pâte à papier aux mêmes caractéristiques que la pâte à papier traditionnelle. Cela concerne le papier d’impression, le papier tissu mais aussi les emballages alimentaires et pharmaceutiques.
Avec les sucres, la CIMV fabrique des blocs à lécher pour l’élevage d’animaux, des conservateurs d’ensilage et des aliments liquides pour animaux. Pour ce dernier produit, l’énorme avantage est qu’il vient en substitution aux formaldéhydes utilisés dans les aliments pour animaux. En effet, dans certains cas ces formaldéhydes sont utilisés pour optimiser la digestion des bêtes et ainsi augmenter le ratio nourriture ingérée/développement de l’animal.
Ces sucres permettent aussi de réaliser de l’agrichimie en les transformant en furfural et dérivés.
Enfin, la lignine permet de fabriquer des colles biodégradables sans formaldéhydes pour panneaux de particules, stratifiés et contre-plaqués. Mais elle permet aussi de rentrer dans le monde de la plasturgie verte : polyuréthanes, polyesters, résines époxy.
Ces produits sont directement intégrables dans les circuits industriels existants. C'est-à-dire qu’un fabricant de papier par exemple, n’a aucune modification à réaliser dans son process pour intégrer ce produit. Cet atout vaut pour tous les produits fabriqués par la CIMV.
Et si vous n’êtes pas perdus, sachez qu’en mélangeant la cellulose et les sucres, vous obtenez de l’éthanol !
Et donc même si on ne peut pas mettre de paille dans son reservoir de voiture on peut y mettre de l'ethanol ...
Rédigé par : Ben | 17/02/2011 à 22:21
Oui mais il n'y a pas que pour cela que la solution vient en substitution au pétrole. c'est aussi le cas pour les plastiques. Enfin, la production d'éthanol na pas été choisi comme option pour la première usine.
Rédigé par : Antoine | 18/02/2011 à 17:22
Merci pour ce billet très intéressant!
Rédigé par : Animaux | 08/04/2013 à 23:27