J’aime le sport automobile ! Difficile aveu en contradiction totale avec mes convictions. Néanmoins, l’amour ne rend pas toujours aveugle et n’entraîne pas l’anesthésie du sens critique. La gabegie énergétique qu’incarne ce sport alliée à la particularité du monde de la F1 qui se distingue par son arrogance transpirante me motivent à dire que si le sport automobile veut continuer à exister il doit faire sa révolution, ce qui en soit est un point commun à beaucoup d’autres secteurs, avec en pôle position sa catégorie « Reine ».
« Nous ne pouvons être aveugles à ce qui se passe autour de nous[1] » confiait Jean Todt, Président de la FIA[2], au Financial Times. La prise de conscience semble donc acquise mais un long chemin reste à parcourir.
Tout d’abord parce que certaines réflexions ont l’air de se diriger vers des voitures électriques dont on sait combien elles sont une tarte à la crème écologique[3]. Mais surtout parce que le monde de la F1 est composé de personnes dont la maturité sur les enjeux à venir en serait risible si ce n’était pas grave, notamment son « grand argentier » Bernie Ecclestone, auteur d’arguments très intéressants comme « Nous avons le KERS pour rassurer ceux qui prétendent que la F1 n'est pas propre » ou encore « je pense qu'il y a deux choses qui sont vraiment importantes pour la Formule 1. L’une est Ferrari, l’autre, c’est le bruit».
De la responsabilité des instances dirigeantes de la F1 dépendra la réduction de l’antagonisme entre le loisir qu’est le sport automobile et le développement durable. Qui plus est, ce dont nous pouvons être sûrs c’est que si l’un des deux doit perdre, ce sera bien le sport automobile qui sera détruit par la hausse du prix du carburant et la sévérité croissante des textes législatifs de réduction des impacts environnementaux.
Alors oui les moteurs auront gagné 35%[4] d’efficacité énergétique en 2013 mais ce n’est pas suffisant. La F1 ne doit pas seulement travailler sur l’impact de la course stricto sensu mais aussi sur sa logistique, ses infrastructures, les impacts communs à tout évènement (déchets, eau, transport visiteurs), etc. Je suis convaincu que nous pouvons cultiver le plaisir d’une course automobile tout en réduisant considérablement ses impacts.
Car le plaisir qu’éprouve un fan de sport automobile ne réside pas dans les millions de litres de pétrole gaspillés, ni dans le bruit fracassant, ni dans l’insolence d’une partie d’entre eux, ni dans les moyens logistiques mis en place pour conquérir le monde en des temps records. Non, le plaisir naît de l’alchimie entre la technicité fournie par les ingénieurs ainsi que les mécaniciens que ce soit, entre autres, pour les pneus, les moteurs, l’aérodynamisme et la dextérité alliée à la combativité et à l’endurance des pilotes parfois épaulés par de fins stratèges. En un mot, le plaisir réside dans cette quête de la performance.
Mais qu’est ce que la performance ? C’est certainement par une définition plus raisonnable et efficiente de celle-ci que la course pourra continuer.
[1] Jean Todt dans une interview donnée au Financial Times relatée par l’Équipe dans son article du 13 avril.
[2] Fédération Internationale de l’Automobile.
[3] Entre autres, lire M. Jancovici sur son site ou l’écouter dans une émission de France Info.
[4] Selon le rapport de la FIA.
Très bon article, il y a encore du boulot a faire dans ce milieu.
Rédigé par : antoine | 19/08/2011 à 17:34